Amnesty accuse Ratsiraka et Ravalomanana

Clicanoo 13.12.2002

Amnesty international dénonce des assassinats, tortures et arrestations arbitraires à Madagascar commis sous le régime de l’ex-président Didier Ratsiraka mais aussi sous celui de son successeur Marc Ravalomanana.

Une grave crise a opposé sept mois durant après la présidentielle du 16 décembre 2001 M. Ravalomanana, officiellement élu, au sortant Ratsiraka, qui a finalement fui en France début juillet.

Des élections législatives vont avoir lieu dimanche à Madagascar.

«De nombreuses atteintes aux droits humains, y compris des actes de torture et des assassinats, ont été commises pendant la période de crise, par les forces de sécurité et les partisans de Didier Ratsiraka, mais aussi par ceux soutenant Marc Ravalomanana», lit-on dans un rapport d’Amnesty international (AI) rendu public mercredi et intitulé : «Madagascar, une justice sélective».

«Amnesty international est aussi préoccupée par les nombreuses irrégularités dans les (actuelles) procédures judiciaires contre les auteurs présumés de crimes et délits pendant la crise», lit-on encore.

«Le nombre total de personnes arrêtées (dans le cadre de la crise) se situe entre 400 et 500», actuellement «en détention préventive dans des prisons surpeuplées», estime AI. Le gouvernement n’en reconnaît officiellement que 144. Dénonçant, dans certains cas, des «arrestations arbitraires», l’organisation estime qu’il y a parmi eux des auteurs ou responsables présumés de crimes partisans de M. Ratsiraka mais aussi «des prisonniers d’opinion (…) arrêtés pour avoir tenu des propos interprétés comme étant des critiques des autorités actuelles».

Amnesty livre de nombreux témoignages sur des assassinats, tortures et autres crimes commis durant la crise par des militaires et miliciens de M. Ratsiraka et d’autres, moins nombreux, commis par les forces de sécurité de M. Ravalomanana.

Le rapport détaille de nombreux actes de tortures et assassinats commis par les militaires et miliciens du régime Ratsiraka, en particulier dans le nord du pays et sur l’île de Nosy Be (nord-ouest). Notamment le cas d’un directeur de banque et son adjoint, partisans de M. Ravalomanana, battus et poussés avec leur voiture dans un précipice par des militaires ratsirakistes le 2 mars 2002. L’un est mort.

Côté Ravalomanana, Amnesty cite le cas de trois personnes arrêtées le 19 avril 2002 par les gardes du corps du Premier ministre de M. Ravalomanana, Jacques Sylla. Deux d’entre eux étaient notoirement connus pour être des «gros bras» des milices ratsirakistes, avait constaté l’AFP lors de leur arrestation.

L’un d’entre eux a été «retrouvé mort dans les locaux (des services de renseignements) « et enterré «sans autopsie», selon l’organisation non gouvernementale. Les deux autres ont été passés à tabac, l’un est toujours en détention.

A trois jours des législatives anticipées, «Amesty international estime que le gouvernement a une occasion unique d’améliorer la situation des droits humains à Madagascar» mais «appelle à ce que le processus judiciaire (…) ne soit pas sélectif» et que «les allégations de crimes et délits fassent l’objet d’enquêtes, y compris celles qui impliquent des partisans du nouveau gouvernement».